Dimanche 30 janvier 2011 à 15:24

Bonjour, je suis Sandra, Laura, Sofia, Cynthia, et cetera, et j'aime ma tronche. Il faut dire que depuis toute petite, ma mère m'a tellement couvée que maintenant que je m'émancipe, il m'est difficile de supporter le manque d'attention dont ma petite personne souffre au quotidien. Pour y remédier, j'ai fais comme toutes mes copines : je me suis inscrite à tous les réseaux sociaux que j'ai pu trouver sur la toile, je me suis fait tatouer des roses et/ou des papillons sur les épaules et/ou le dos, j'ai tenté les colorations, pris un maximum de photos de moi - fussent-elles toutes le résultat de 3h de dur labeur et de 350 prises différentes (merci le numérique), les ai publiées chaque jour sur ma page fb, polluant par la même occasion celle de tous mes contacts, et me suis obligée à répondre par la négative à chaque fois que l'on me disait que j'étais photogénique. Non, je ne suis pas photogénique. Réfléchissez bien, une belle photo n'est jamais le fruit du hasard : je suis douée. Douée du physique, douée du numérique, douée du photoshopage, le déclencheur et la souris de l'ordinateur pouvant désormais être assimilés à des extensions de mon corps. Comme les cyberpunks, je vise désormais un surpassement de la condition humaine par l'amélioration technologique de l'organisme. Et que ceux qui pensent que cette entreprise est d'ores et déjà vaine, scrutent un peu leur propre vie, tiens. On verra bien où chacun en est d'ici quelques années. Certes, je n'aurai toujours aucun diplôme, mon maquillage me servira plus à cacher mes rides qu'à mettre en valeur mes yeux, mes piercings se seront pour la plupart rebouchés après que mes employeurs m'aient gentiment posé cet ultimatum : "tu te normalises, ou tu pars", et je courrai encore après tous les mecs pour leur montrer mon nouveau tatouage situé comme par hasard entre mes deux seins, mais eux courront alors, sans que je sache pourquoi, dans la direction opposée, quand ils sont à l'heure actuelle tous près à me tripoter. Mes amies, bien moins fantasques que moi, se seront focalisées sur leur job, leur vie de famille, leurs "autres" amis - tu sais, ceux qui ne m'arrivaient pas à la cheville en termes de caractère et de capacité d'abnégation - et oublieront de répondre à mes messages, mais qu'importe, dans leurs coeurs, je serai toujours là, je le sais. Je serai toujours là, car je les aurai marquées, et qu'importe si l'on parle de moi comme de "l'immortelle gamine" ou comme "la pauvre petite gosse abandonnée à son sort" ; ça me rappelera cette époque bienheureuse où tous se dépêchaient de commenter mes statuts, de me dire que je suis "trop une bonnasse", et qu'ils seront toujours là pour moi. Certes, je serai tout ça à la fois, une icône de l'esthétique hard rock à 50 ans, un condensé de la mentalité adolescente avec ce qu'elle comporte de positif et de moins positif, mais qu'importe, car je serai la seule à ne pas avoir renoncé à mes idéaux. C'est ce qu'ils voudront dire, même s'ils n'en sont pas conscients, par "elle n'a pas grandi". Et en attendant, ne rêvez pas, mettez vos espoirs en sécurité dans un coin de votre tête, je n'arrêterai pas subitement de m'exposer, ne vous laisserai pas une seconde de répit entre chaque actualisation de page. Je suis là, et le resterai, tout comme la rose sur mon épaule ne subira jamais les foudres du laser.

Mon corps n'est pas une oeuvre d'art, il est l'objet que je livre aux fluctuations du marché.
Je suis une pétasse siliconée, cliquez sur "ajouter au panier".

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